La prise de repères grâce à nos organes sensoriels nous permet de piloter. Les informations sont lues et interprétées par le cerveau qui va agir sur nos muscles pour effectuer les manœuvres nécessaires.
Le transfert de l'information et le traitement de celle-ci n'est donc pas instantané. Dans les faits, lorsque vous piloterez, le temps de réaction aux stimuli visuels sera compris entre 0,1 et 0,3 secondes. Ce temps pourra augmenter à cause de la fatigue ou de la mauvaise oxygénation[...] Nous ne parlons pas ici des réflexes. De même d'autres stimuli en provenance de l'oreille interne ( qui détermine votre équilibre) et des nerfs mettront un certain temps à être traités par le cerveau ( même si ce sera beaucoup plus rapide).
La vue.
La vue est la base de la base en ce qui concerne le pilotage. Elle permet de lire le terrain. La lecture du terrain est de loin le meilleur moyen d'améliorer son pilotage. Un bon pilote saura aborder un virage sans visibilité inconnu à pleine vitesse en se basant simplement sur le type de revêtement, les traces de freinage, la situation spatiale des pierres/graviers, les traces des autres pilotes...
La lecture du terrain est donc essentielle malgré le peu d'attention que l'on y porte en général. Nous verrons plus tard, dans les diverses sections dédiées au pilotage dans quelles mesures la lecture du terrain va influencer la sélection de telle ou telle technique.
La vue va permettre au pilote de créer une base de données en 3D de l'environnement dans lequel il évolue . Ainsi, à l'instant t, le pilote sait à quelle position il se situe ( roue avant, roue arrière, corps, pédales) dans l'espace. Ce qui est relativement simple sur le papier l'est en revanche beaucoup moins lorsqu'il s'agit d'appliquer. Exemple:
Je roule à 15 km /h , le terrain devant moi comporte deux marches en D+: 0 ________1------------2'''''''''''''''''''' 3 ->(x)
à T(0) mon regard se porte sur 1
Au fur et à mesure que je me déplace sur (x) ( vitesse constante), mon regard va se déplacer de (1+x) jusqu'à (2). A cet instant, j'effectue ma rotation et je fait passer ma roue avant sur (1). Je me déplace de l'empattement du vélo, mon regard est à (2+x), je soulage l'arrière au moment opportun. Mais déjà j'arrive sur (2) et je dois lever une nouvelle fois l'avant. Mon regard est alors sur (3) etc
On observe donc un décalage entre l'instant où notre regard se pose sur le terrain et celui où on effectue l'action vis à vis du terrain. D'où cette importante phase de lecture et d'enregistrement du terrain. Le décalage ( en secondes) entre lecture et action peut être influencé par deux facteurs: vitesse et portée du regard. A vitesse stable, regarder plus loin va augmenter le décalage. A vitesse croissante, et portée du regard fixe, le décalage va diminuer. On remarque donc que à grande vitesse, si l'on ne peut pas regarder loin, il risque d'y avoir un problème du au temps de réaction. De même et dans une moindre mesure, regarder trop loin va obliger le pilote à se souvenir de plus d'éléments; risque de saturation de la mémoire à court terme.
Dans les faits, le pilote à tendance à chercher un décalage fixe dans le temps et va chercher faire varier portée du regard en fonction de la vitesse.
Dans le sineux, la portée du regard est restreinte et doit être remplacée par une carte établie sur la mémoire à long terme ( trajet connu ; je sais où le sentier tourne, où sont les difficultées), ou bien par les capacités à lire le terrain, à réagir(anticipation :si tel scénario, alors telle action), à prendre des risques ( j'y vois rien mais inch allah ça passe ).
Dans ces situations, le temps de réaction et la capacité à lire vite le terrain prennent donc tout leur intérêt. L'entrainement va permettre de repousser la limite de surpilotage ( instant où le cerveau ne peut plus suivre et où l'on va faire des erreurs). On parle alors de vitesse perçue/vitesse réelle. La vitesse perçue étant fonction de la capacité du cerveau à gérer l'afflux d'informations.
Exemple :
-vous roulez à 150 km/h dans la dernière Golf VII GTD super masoil ça pousse , sur une petite route. Vous vous sentez en sécurité malgré la vitesse très élevée. La vitesse perçue est largement inférieure à la vitesse réelle.
-vous roulez à la même vitesse dans une 240Z en passager, à 150 votre pantalon est plein depuis un moment, La vitesse perçue est plus grande.
En période de stress sur votre vélo, le corps sécrète des composés, dont l'adrénaline. Celle-ci va jouer un rôle énorme sur la vitesse perçue. Le corps va travailler plus vite d'où une vitesse ressentie moins élevée. D'où une meilleure capacité à piloter dans un zone de vitesse/au terrain dans laquelle vous seriez en surpilotage.
La vitesse perçue est donc un aspect important du pilotage, le cerveau doit être habitué à travailler rapidement et efficacement pour pallier à l'augmentation de vitesse.
Le choix des éléments à prendre en compte va permettre de délester le cerveau. Il faut voir ce qui est important au moment opportun. Ces choses à voir seront définies selon le terrain dans lequel vous évoluez. En virage, on cherchera par exemple à trouver un point d'appui, alors qu'en montée on cherchera le passage où l'adhérence est la plus importante.
La perception de l'équilibre et les terminaisons nerveuses.
Couplés à la vue, ce sont réellement des indicateurs essentiels qui vont confirmer ce que vos yeux ont prédits. Quand vous apprendrez à bien les apprécier, rouler de nuit deviendras beaucoup plus simple car vous saurez vous fier simplement à eux et ils vous diront l'état du sol aussi clairement que si vous le voyez . La où la vue vous prépare, ces deux facteurs vont vous témoigner de l'instant présent et avec une bonne pratique vous arriverez à déterminer précisément les gestes à effectuer et quand les effectuer pour évoluer sur votre terrain favori simplement en ressentant la moindre variation.
Travailler sa lecture du terrain , c'est donc savoir déterminer le plus rapidement possible les éléments intéressants pour les techniques de pilotage et également les éléments à risques ( souche au milieu du sentier, pierre branlante...) tout en essayant de trouver le décalage optimal entre portée du regard, vitesse, afin de savoir « où l'on est ». Le couplage avec un bon ressenti vous fera atteindre un niveau de perception digne d'un chat.
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